10 avril 2012

Les véhicules électriques au Québec : une utopie?

L'auteur, Alexandre Duval, est rédacteur-blogueur chez Merlin Assurance.

Lors de son dévoilement, il y a exactement un an, le Plan d’action sur les véhicules électriques 2011-2020 du gouvernement du Québec décevait de nombreux observateurs. La partie la plus controversée de ce projet, qui aura investi 165 millions de dollars une fois venu à échéance, concerne le volet automobile : le gouvernement prévoit que 300 000 véhicules électriques rouleront dans la belle province d’ici huit ans. S’agit-il là d’un vœu pieux?

La logique du gouvernement

En 2008, plus de 40 pourcent des gaz à effet de serre (GES) émis au Québec provenaient du secteur des transports. À lui seul, le transport routier était responsable du tiers de toutes les émissions. Le gouvernement comme les experts y voient donc un immense potentiel de réduction des GES : avec un peu de volonté, d’investissements et de progrès technologique, il serait possible d’améliorer significativement le bilan environnemental du Québec en ne se préoccupant que du secteur des transports.

Si le Québec réussissait, comme le prévoit le Plan d’action, à faire en sorte que 25 pourcent des nouveaux véhicules vendus durant l’année 2020 (ou 118 000 véhicules, selon les prévisions) soient électriques, il réussirait à réduire sa dépendance au pétrole étranger et à éliminer l’émission de quelques 900 000 tonnes de GES annuellement.

Tout le monde semblerait donc y gagner. D’une part, les citoyens québécois ne flamberaient plus leurs paies chez le pompiste puisqu’alimenter leur voiture avec l’hydroélectricité produite ici coûterait sept fois moins cher qu’avec de l’essence. D’autre part, la province ferait bonne figure sur la scène internationale en évitant de consommer des centaines de millions de litres d’essence annuellement.

Les incitatifs du Plan d’action

Si un sondage effectué en 2009 par Hydro-Québec dévoilait que moins de 10 pourcent des sondés étaient capables de nommer une marque de voiture électrique, 75 pourcent d’entre eux se disaient néanmoins prêts à considérer l’achat d’un tel véhicule, à condition que le surplus à payer par rapport à un véhicule roulant à l’essence n’excède pas 5000 dollars.

Le Plan d’action 2011-2020 propose donc aux particuliers, aux entreprises, aux organismes et aux municipalités d’importants rabais à l’achat d’un véhicule électrique ou d’un hybride, totalisant 50 millions de dollars. Fini le traditionnel crédit d’impôt; le gouvernement assume désormais directement une partie du coût des véhicules électriques vendus à des particuliers Québécois, et ce parfois jusqu’à concurrence de 8 000 dollars.

Les rabais accordés varient en fonction du rendement environnemental des voitures éligibles au programme : plus la voiture est « verte » – et donc plus son coût est logiquement élevé – plus le gouvernement délie les cordons de sa bourse. Les voitures ciblées par le Plan d’action sont les véhicules entièrement rechargeables, les hybrides rechargeables avec une batterie de 4 kWh et plus, les électriques à basse vitesse et les hybrides.

Or, plus l’acheteur tardera à se procurer son nouveau véhicule, moins le rabais accordé sera substantiel. Par exemple, celui ou celle qui achètera une Nissan Leaf ou une Chevrolet Volt en 2012 bénéficiera d’un rabais variant entre 5000 et 8000 dollars, comparativement à celui ou celle qui se procurera le même véhicule en 2015 et qui ne touchera que de 2000 à 3000 dollars.

Un Plan d’action voué à l’échec?

Malgré cette aide financière plutôt importante, plusieurs observateurs ont souligné l’apparente incohérence de certaines facettes du Plan d’action 2011-2020. Le député péquiste Nicolas Girard soulignait l’an dernier qu’en 2010, même si le gouvernement du Québec accordait alors des crédits d’impôt à l’achat de véhicules verts, seulement 42 voitures neuves vendues cette année-là étaient électriques, soit 0,01 pourcent des ventes totales.

« Le même gouvernement veut nous faire croire qu'il fera passer le nombre à 118 000 [et 25 pourcent des ventes annuelles] d’ici 2020. C'est de la pensée magique ! », tonnait monsieur Girard sur Cyberpresse. Il ajoutait également que le rabais promis par le gouvernement n’allait être disponible que pour 10 000 voitures, jusqu’en 2015 seulement.

Un calcul rapide lui permettait de déterminer que si tous les rabais prévus trouvaient preneur, ils ne permettraient tout de même la vente que de 2 500 voitures électriques par année. Or, ces 2 500 voitures ne représentent que 0,6 pourcent des ventes annuelles de véhicules neufs au Québec! Daniel Breton, président de Maîtres chez nous XXIe siècle, ne pouvait, lui aussi, que douter de l’atteinte de la cible ultime: « Et de 2015 à 2020, ces ventes passeraient à 25 pourcent? », questionnait-il avec ironie.

Ainsi, quand le gouvernement projette que rouleront 1,2 millions de voitures électriques au Québec en 2030, est-il en train de jeter de la poudre aux yeux des citoyens? Seul l’avenir permettra de lui donner tort ou raison pour avoir fait montre d’autant d’ambition. Entre temps, Hydro-Québec a commencé, ce printemps, à installer son circuit de bornes de recharge électriques pour rassasier les quelques avant-gardistes qui auront pris avantage de ce Plan d’action et qui rouleront dorénavant à l’énergie propre d’ici.

1 commentaire:

comment maigrir a dit...

Au prix de l'exploitation en masse du lithium ?!

Avertissement

La consommation réelle peut différer de 10 à 20% par rapport à la consommation affichée par l'ordinateur de bord. Toutefois, à des fins de comparaison, j'inscris toujours la consommation que l'ordinateur de bord affiche à la fin de la période d'essai.
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